Les Rivières Pourpres 2

Vous aimez le style polar gothique, vous avez adoré Le nom de la rose, vous avez vu plusieurs fois Sleepy Hollow et vous avez peut-être aimé, on ne sait pas ce que vous avez pensé de La Neuvième porte, et ben vous serez servis.

Côté gothique :

Des moines montanistes dans un obscur monastère historique en Lorraine rénové par douze néo-apôtres, la ligne Maginot en guise de catacombes, tout ce qu'il faut en souterrains et passages secrets donc, des extraits biblico-historiques à souhait car l'Apocalypse est vraiment pour bientôt et cette fois c'est du sérieux, un trésor légendaire, et une scène dans une église désaffectée où 7 silhouettes encapuchonnées abaissent dans un mouvement d'ensemble autant d'arbalètes, bref il ne manque rien, un grand méchant avec des dents taillées en pointe serait de trop...

Côté polar :

On retrouve le commissaire Niemans comme superflic et on "re"découvre un presque-superflic élève du premier en le capitaine Reda, mais qui a quand même encore un peu qqch à prouver, ce qu'il fait assez rapidement dans une baston au début (et il faut le reconnaître, c'est bien meilleur que "la même" dans le 1 avec bruitages de streetfighter...) et encore par la suite par ses connaissances2, ok, c'est bon, on peut l'appeler maintenant du nom de héros.

Ils se "re"retrouvent sur la même enquête, bon, de façon un peu plus fortuite que dans le 1 : un groupe (??) mystérieux de personnes à la force surnaturelle tuant un autre groupe de personnes de façon rituelle autant que spectaculaire, et tout cela aura une explication rationnelle à la fin, en queue de poisson bien sûr, pasqu'il faut pas non plus prendre la police scientifique pour des cons, d'autant qu'ils peuvent faire débarquer tout un régiment de militaires bien impressionnant chez toi.

Ils sont "re"épaulés par une belle spécialiste, en l'occurence ici, en "machins/trucs" bibliques - elle leur balance d'entrée son doctorat en la matière des fois qu'on la sous-estimerait à cause de son sexe (ce n'est qu'une supposition) - prénommée judicieusement Marie. Elle sert à montrer son courage mais pas trop parce qu'on est là aussi, nous les hommes, pour la protéger. Elle décode le délire d'un jésus rendu prolixe par le c-372, livre deux vrais morceaux de réflexion3 4, et donne un visage au soulagement général quand nos deux héros s'en sortent à la fin, parce que le reste de l'équipe a presque l'air de s'en foutre, mais ça doit être de la confiance.

Équipe qui "re"tient aussi parfaitement son rôle : on sent bien que ces gens là soutiennent discrètement les héros et qu'ils vont produire efficacement les informations demandées de temps à autre de façon désinvolte.

Tous ces "re" permettant habilement au spectateur de retrouver ses marques.

L'histoire

Moines, monastère, éclairs, chambre XIII maudite, éclairs, sang qui coule d'un crucifix cloué fraîchement au mur, moine prétendument non-supersticieux qui hurle, éclairs.
Le spectateur ravi peut s'enfoncer dans son siège en souriant pendant le titre, il ne s'est pas trompé ni de salle, ni de film.
Toc toc, judas (de porte.) qui s'ouvre, carte de police + oeil de Jean Reno, rebravo.
Ensuite s'enchaînent les 32 moines montanistes, les 7 sceaux et anges de l'Apocalypse (la vraie, ce coup-ci c'est pas des conneries, c'est pour le 27 car 7307303) qui tuent les 12 néo-apôtres épisodiquement, et s'en prennent un peu à nos deux héros qui gênent, d'où poursuites, bagarres, voiture littéralement criblée de balles, explosion de la voiture remplaçante piégée.

Ralentissons. À partir de maintenant vous vous exposez volontairement à un spoil.

Après cette alléchante intro, nous avons un Niemans qui voit grâce à des rayons Z42 que le sang provient d'un monsieur fraîchement emmuré, ce qui nous donne la première victime. Nous avons ensuite un malheureux douanier qui se fait nailgunner dans un aéroport par un individu louche emburé, soit la victime n°2. Après la démonstration de sa virilité, sur le retour de sa planque, Reda "tombe" sur un sosie de Jésus qui vient bêtement se jeter sur sa voiture. Outre qu'il délire, il porte les marques aux endroits que vous savez de trous faits au 9mm (réglementaire), ce qui fait la presque-victime n°3 et opère le rapprochement Niemans-Reda.

Les victimes sont en fait les treize personnes qui ont restauré le monastère, ils portent les mêmes prénoms que les apôtres et exercent le même métier, un groupe (?) de personnes a trouvé ça rigolo de les tuer de la bo même façon. Après que le pourtant athlétique Reda ait vainement poursuivi l'individu mal intentionné qui tentait de "finir" jésus sur son lit d'hôpital (c'était pourtant enfantin mais il a bien sûr voulu faire ça de façon compliquée par jeu), on est en droit de se demander s'il ne dispose pas de pouvoirs surnaturels (il suffisait pourtant de viser la tête à titre vérificatoire) et d'opérer le rapprochement avec les 7 Anges de l'Apocalypse, d'autant que les dates concordent (!!). On verra ensuite nos deux héros impuissants à protéger le reste du groupe des apôtres qui sont donc tués de la façon rituelle et spectaculaire déjà mentionnée : le 2e maçon "emmuré" dans la ligne Maginot, les 2 commerçants énuclés (est-ce de l'or qu'on a fait couler dans leurs orbites vides ?), les 4 pécheurs noyés dans leur propre filet, le "gérant" méchamment poignardé, le sans-emploi immolé à la barbe de la police et le prêtre arbalètrisé sous leurs yeux.5

Mais quel est leur but ? et qui sont ces mystérieux messieurs allemands qui arrivent au monastère ? Sont-ce ceux qui se font passer pour les anges apocalyptiques ?

Grâce à l'attention de Marie, notre docteur en chose religieuse, qui veille au chevet du jésus par deux fois raté, et ne perd pas la moindre bribe de son délire, on évoque le trésor légendaire de Lothaire II, volé au Vatican qui n'a pas archivé l'événement tellement était grande la honte consécutive à la perte énorme de ce trésor1 dit "plus grand trésor qu'un chrétien puisse rêver". C'est donc cela qu'ils recherchent, d'autant que les lieux concordent (!). Mais il leur faut la clef, qu'ils obtiennent du prêtre (c'est toujours dans la dernière poche...). En effet les braves néo-apôtres avaient connaissance du trésor mais ne l'ont pas pillé car il est protégé par une redoutable malédiction : la menace du déclenchement de l'Apocalypse. Mais comme c'est pour aujourd'hui de toutes façons, le chef des méchants peut donc oublier ses scrupules et mettre (enfin !) la main sur le trésor qu'il convoite depuis qu'il en a découvert l'existence quand jeune officier nazi il travaillait dans le coin. Et on s'en doute, il y a consacré le reste de sa vie, tout son argent, de sa solde à son héritage, ce qu'il révèlera une fois nos deux héros réduits à l'impuissance. C'est en connaissance de cause qu'il déclenche le piège - pressenti dans un éclair de génie par Marie4 - et prend lecture du livre (ce qui n'a pas l'air de l'avoir pleinement satisfait puisqu'il se suicide avec un sale air avant de mourir) alors que coulent les flots inondant la ligne Maginot.

Mais nos deux héros s'en sortent, car ils courrent vite, même s'ils guettent au moins par 15 fois l'arrivée de l'onde tumultueuse dans un couloir (énorme cliché), et recourrent à l'amphétamine de guerre (interdite depuis, on ne rigole pas, la guerre a des lois.) à action instantanée, source de la force surnaturelle des méchants, pour se tirer de ce mauvais pas in extremis.

Tout est bien qui finit bien, et jésus a même l'air de reprendre du poil de la bête...

Voilà :

Luc Besson nous pond donc là une suite logique, et il faut le reconnaître bien mise en scène par un jeune réalisateur dont on peut s'attendre à ce qu'il soit réembauché par le studio (pas forcément pour le 3e opus, et même sans doute pas)

À voir donc si on sait qu'on va aimer ça d'avance, de belles scènes malgré les clichés...

Notes

(1) historique.

(2) c-37, livre 4, chapitre 12, "drogues et dérivés pharmaceutiques", paragraphe 42, alinéa b (2bis)

(3) le 'e' à l'envers est en fait un 3, il faut donc lire 730730, ce qui fait que l'Apocalypse est pour le 27 courant, çad aujourd'hui depuis 1'38" (3bis)

(4) pierre... coulissent... axes... miroirs... LE LIVRE EST PIÉGÉ !! (4bis)

(5) Tout ça n'est pas vraiment historique non plus, si vous voulez en savoir plus et retrouver les noms associées aux métiers, vous pouvez aller voir


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